Croissance rapide : enjeux et solutions - digitalks #1

Le jeudi 23 novembre 2023, s’est déroulée la première édition des digitalks. L’événement, organisé par Apptitude, a eu lieu à Lausanne dans les locaux de Gotham.

L’écrivain Oscar Wilde disait : “Il y a deux tragédies dans la vie : l’une est de ne pas satisfaire son désir et l’autre est de réussir à le satisfaire.”

Les philosophes et les écrivains ont abondamment parlé de la première partie, à savoir “ne pas satisfaire son désir”. Lors de ce talk, nous avons abordé la seconde : réussir à satisfaire son désir, un désir de croissance dans notre cas. Cela ne s’accompagne pas uniquement de bonheur. Il faut en effet réussir à grandir intelligemment. Car ne nous y trompons pas ; à force de regarder des posts que l’on peut qualifier “d’inspirants” sur LinkedIn ou d’autres réseaux sociaux, on peut imaginer que le seul “défi” actuel des entreprises est d’acquérir des clients pour augmenter leur chiffre d’affaires. Mais cela implique également de passer par des étapes de développement de l’entreprise, de structuration des processus et de construction d’équipes.

Nous avons donné la parole à trois intervenants qui ont connu la réussite et les problèmes qui viennent avec. Voici des démonstrations de l’agilité nécessaire pour ne pas finir “dans le mur”, même quand le business se porte bien :

Retour en images sur les digitalks #1 du jeudi 23 novembre 2023 à Gotham Lausanne
Retour en images sur les digitalks #1 du jeudi 23 novembre 2023 à Gotham Lausanne

Les digitalks ont pour but de réunir l’entrepreneuriat, le design et l’ingénierie. Trois intervenants se succèdent sur scène pour partager leurs expériences, leurs succès et leurs défis autour d’une thématique commune. L’objectif est de présenter des cas concrets et pratiques, en évitant toute approche promotionnelle.
Découvrir et s’inscrire à la prochaine édition : www.digitalks.ch


Matteo Togninalli, Associé et alors Directeur des Opérations chez Visium, a raconté le parcours et les défis de cette startup, fondée en 2018 et spécialisée dans l’accompagnement des entreprises en matière de machine learning.

En cinq ans, Visium est passée d’une petite équipe à une entreprise de plus de 60 ingénieurs. Ils ont ouvert des bureaux à l’Innovation Park de l’EPFL, au Technopark de Zurich, ainsi qu’en Macédoine du Nord, en Espagne et en Bosnie-Herzégovine.

Matteo a évoqué les défis liés à cette croissance rapide, notamment la difficulté de maintenir l’agilité et la transparence des débuts alors que l’équipe s’agrandissait. Ils ont dû repenser la communication interne, en adoptant de nouvelles approches et en impliquant les collaborateurs différemment, comme l’intégration d’ingénieurs dans l’équipe de vente pour améliorer la synergie.

Le recrutement s’est révélé être un enjeu crucial. Après les débuts et avoir effectué les recrutements par leur réseau direct, ils ont rapidement compris l’importance de créer une marque employeur solide pour attirer des talents spécialisés. Ils ont également mis en place un système de parrainage interne pour garantir la qualité des nouvelles recrues, ce qui a permis de développer de nouvelles offres et compétences, appréciées par leurs clients.

La gestion du personnel est également devenue un défi majeur, où ils ont dû s’assurer de ne pas créer de failles organisationnelles qui pourraient causer des perturbations en cas de départ d’un membre clé de l’équipe. Matteo a aussi souligné l’importance de se concentrer sur les bénéfices plutôt que sur le chiffre d’affaires, en utilisant des outils de suivi simples, mais efficaces. Il a reconnu que, malgré un contrôle strict des risques, des erreurs sont inévitables, comme l’a montré la signature de locaux finalement trop grands.

En conclusion, Matteo a mis en avant que la clé du succès de Visium a été de rester constamment dans l’action, en s’adaptant et en apprenant de chaque étape de leur croissance.

 


Le métier d’architecte a profondément évolué depuis la fondation de CCHE en 1905. C’est le constat de Daniel Grosso, Associé et Architecte CCHE.

Alors que l’entreprise a fonctionné de manière similaire pendant près de 100 ans, l’arrivée de l’informatique en 1992 a marqué un premier tournant, transformant uniquement les méthodes de travail. Un autre changement notable est que le métier est devenu beaucoup plus complexe, mais le temps à disposition est resté identique. L’épaisseur des cahiers des charges, les nouvelles normes et contraintes, les soucis de performances et de labellisation dépassent aujourd’hui largement le métier de base “d’un simple dessin”.

Ces dernières années, avec l’émergence du design paramétrique, c’est la nature même du travail qui a évolué. Jonathan Pernet, Responsable Design Paramétrique, a expliqué qu’il n’était plus question de dessiner un projet avec un crayon ou une souris. Le design paramétrique permet de renseigner un projet avec les contraintes de ce dernier. L’architecte se retrouve ensuite avec plusieurs solutions qui respectent toutes le cadre imposé. Pour Daniel Grosso, c’est en quelque sorte la version moderne du concours d’architecture. Plus besoin d’avoir plusieurs cabinets qui se challengent, un seul peut proposer des dizaines de solutions différentes. L’architecte doit aujourd’hui réussir à déterminer quelle est la meilleure solution parmi plusieurs possibilités. Il peut néanmoins s’aider de la puissance d’une trentaine de familles d’algorithmes, qui permettent de calculer de nouvelles versions et d’automatiser la mise à jour des plans. Le gain de temps est donc précieux. C’est en s’adaptant constamment que CCHE réussit à répondre à des exigences toujours plus complexes. La rapidité des changements et cette capacité à les intégrer sont, pour Daniel Grosso, une des clés de la croissance.

Car parallèlement à ces évolutions, CCHE est passé de 25 collaborateurs en 1992 à 350 en 2023, répartis sur 7 bureaux. Ils ont également intégré une trentaine de métiers différents, autres que celui d’architecte, afin de relever les nombreux défis internes. L’objectif est toujours de mieux répondre aux besoins de leurs clients et de leurs collaborateurs.

 


FAIRTIQ est une application mobile permettant de payer ses billets de transport public en calculant automatiquement le meilleur tarif. Michel Yerly, CTO, a partagé les défis rencontrés par l’entreprise et les solutions mises en œuvre pour surmonter les obstacles liés notamment à la croissance de l’utilisation de leur solution.

De 20 000 calculs de trajets journaliers en 2019, la croissance semble exponentielle et dépasse les 60 000 en 2021. Quels seront les chiffres en 2022 ? Avec des prévisions optimistes, FAIRTIQ s’attendait à voir le nombre de trajets doubler pour s’établir aux alentours de 120 000, ceci grâce à l’acceptation de la solution et au développement de nouveaux clients. Cette croissance rapide a entraîné des défis opérationnels majeurs. L’équipe technique de FAIRTIQ est donc passée de 25 à 50 ingénieurs. Mais contre toute attente, au lieu d’une accélération des projets, l’entreprise a constaté une diminution de la vitesse de développement. Le moral des équipes était au plus bas, avec des projets livrés en retard et des coûts d’exploitation qui ont explosé. Une dette technique s’est formée et a commencé à s’accumuler. Les bugs sont devenus plus fréquents, et la qualité des livraisons a chuté.

Face à cette situation, FAIRTIQ a cherché des solutions pour réduire les coûts d’exploitation tout en augmentant l’efficacité. L’une des réponses a été de prendre le temps nécessaire pour construire l’automatisation des tâches répétitives. Par exemple, la mise à jour des horaires de transport, qui concernait 23 régions et nécessitait auparavant une intervention manuelle par un ingénieur, a été repensée, réduisant cette tâche à un simple clic.

Un autre exemple est la gestion des tarifs. FAIRTIQ a dû développer son propre format pour standardiser les mises à jour, souvent complexes et non standardisées d’une région à l’autre. L’automatisation a permis de réduire ces coûts opérationnels tout en libérant du temps pour d’autres tâches. En parallèle, l’entreprise a également dû faire des choix difficiles, comme la suppression de fonctionnalités non rentables et investir du temps pour rembourser la dette technique accumulée.

Michel Yerly a insisté sur l’importance de reconnaître la gravité de la situation, de l’accepter et de prendre des mesures concrètes pour éviter de sombrer davantage. L’immobilisme n’est pas une option. FAIRTIQ a ainsi adopté une approche proactive, faisant les sacrifices nécessaires pour redresser la barre.

Selon Michel, cette expérience démontre l’importance de l’automatisation pour maîtriser les coûts d’exploitation et celle de rester agile face aux défis de croissance rapide. Une conférence qui a mis en lumière la nécessité de prendre parfois des décisions fortes, mais cruciales, pour assurer la pérennité et la qualité des services dans une entreprise en pleine expansion.

 


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