Innover pour les patients tout en réduisant les coûts : mission impossible ? - digitalks #5

Le jeudi 9 octobre 2025 s’est tenue la cinquième édition des digitalks, un événement organisé par Apptitude, en partenariat avec le Biopôle.

La rencontre a eu lieu dans la salle de L’Union à Epalinges, et a réuni un public de professionnels de la santé, de l’innovation et du numérique.

Sous le thème “Innover pour les patients tout en réduisant les coûts : mission impossible ?”, cette édition a exploré les défis économiques et humains de l’innovation en santé. Comment concilier progrès technologique, contraintes budgétaires et impact réel sur les patients ? Trois intervenants ont partagé leur vision, leurs succès et leurs difficultés à travers des approches très différentes :

De la centralisation des données de santé à domicile à la reprogrammation du cerveau par le jeu, jusqu’à la microchirurgie de précision inspirée de l’horlogerie, ces échanges ont mis en lumière une conviction commune : « L’innovation n’a de sens que si elle améliore concrètement la vie des patients, tout en restant soutenable pour le système de santé. »

Cette cinquième édition a également marqué une étape importante dans la collaboration avec le Biopôle, un écosystème unique où se rencontrent recherche, innovation et entrepreneuriat en santé. Grâce à ce partenariat et à l’accueil chaleureux de Pierre-Jean Wipff, les échanges ont été particulièrement vivants et constructifs, favorisant un vrai dialogue entre disciplines.

Entre questions ouvertes, retours d’expérience et discussions spontanées, cette édition s’est distinguée par une énergie collective rare, fidèle à l’esprit des digitalks : apprendre, débattre et partager pour faire avancer l’innovation de manière concrète et humaine.

Retour en images sur les digitalks #5 du jeudi 9 octobre 2025 à la salle de l’Union, en partenariat avec le Biopôle, à Lausanne-Épalinges

Les digitalks ont pour but de réunir l’entrepreneuriat, le design et l’ingénierie. Trois intervenants se succèdent sur scène pour partager leurs expériences, leurs succès et leurs défis autour d’une thématique commune. L’objectif est de présenter des cas concrets et pratiques, en évitant toute approche promotionnelle.
Découvrir et s’inscrire à la prochaine édition : www.digitalks.ch


Connecter patients, proches et soignants pour mieux prévenir les situations critiques et renforcer l’autonomie à domicile.

Guillaume Dupasquier, entrepreneur et CEO de domo.health, a transformé une expérience personnelle en une mission d’innovation : connecter patients, proches et soignants pour mieux prévenir les situations critiques et renforcer l’autonomie à domicile.

Àl’origine de domo.health, il y a une histoire humaine. Celle d’un fils confronté à la maladie de son père et à un constat simple : malgré la proximité des proches et le suivi médical régulier, les informations essentielles sur l’état de santé circulaient mal. Les soignants recevaient des données fragmentées, souvent trop tard pour agir.

Face à ce vide, Guillaume Dupasquier décide de créer une solution. L’idée de départ : utiliser des capteurs pour détecter les comportements inhabituels et permettre aux seniors de rester plus longtemps à la maison. Une innovation portée par l’IoT, mais qui se heurte vite à deux réalités : la réticence des personnes âgées face à la technologie, et la difficulté de confier la vente d’un tel produit à des infirmières, dont ce n’est pas le métier.

L’entreprise réoriente alors sa trajectoire. D’un modèle B2C complexe à faire évoluer, domo.health devient une plateforme B2B dédiée aux professionnels de santé. Elle centralise les données issues du terrain et des soins, offrant une vision globale et continue du patient à tous les acteurs concernés. Un changement de cap qui porte ses fruits : plus de 65 nouveaux clients professionnels en un an.

Derrière cette croissance, un apprentissage fondamental : innover, c’est d’abord savoir identifier un vrai problème, puis accepter d’expérimenter, d’échouer et de recommencer, jusqu’à trouver l’équilibre entre besoin réel et exécution parfaite.


Un jeu sur les comportements alimentaires qui reprogramme le cerveau.

Marie Pittet, Data Scientist et AI Lead chez BEWE, fusionne neurosciences et design pour aider chacun à reprendre le contrôle sur ses comportements alimentaires grâce à Bene, un jeu mobile qui reprogramme le cerveau tout en amusant.

Et si la solution au surpoids ne se trouvait pas dans l’assiette, mais dans le cerveau ? C’est le pari de BEWE, startup suisse qui a conçu Bene, un jeu mobile validé scientifiquement pour réduire les envies d’aliments ultra-transformés.

Le constat est connu : ces produits activent notre circuit primitif de la récompense, celui qui, à l’époque de la survie, nous poussait à rechercher le sucre et le gras. Aujourd’hui, ce mécanisme se retourne contre nous. Pour le rééduquer, BEWE s’appuie sur une méthode issue des neurosciences : les exercices “Go / No Go”. Le principe ? Habituer le cerveau à dire non aux mauvaises impulsions.

Mais pour transformer cette méthode en expérience durable, il fallait sortir du laboratoire et plonger dans l’univers du jeu. Le design entre alors en scène : storytelling, mascotte attachante, classement en ligne, système de progression, équilibre entre challenge et plaisir. Rien n’est laissé au hasard. Marie Pittet nous a également expliqué que pour rester engageant, un jeu doit maintenir environ 70 % de réussite : juste assez difficile pour stimuler, sans décourager.

Résultat : une application qui ne promet pas la perfection, mais un apprentissage ludique et progressif. En combinant rigueur scientifique et créativité, BEWE veut prouver qu’il est possible d’agir sur nos comportements sans contrainte, mais avec plaisir.


Un implant microchirurgical inspiré de l’horlogerie suisse pour révolutionner le traitement du glaucome.

Dernier intervenant de cette édition, le Dr. Adan Villamarin, ingénieur et COO de Rheon Medical, s’attaque à un défi de taille : révolutionner le traitement du glaucome. Comment ? Grâce à un implant microchirurgical inspiré de l’horlogerie suisse, alliant précision, efficacité et durabilité.

Innover dans le domaine médical, c’est souvent naviguer entre la performance clinique et la réalité économique. Pour Rheon Medical, ce défi prend une forme très concrète : améliorer le traitement du glaucome, une pathologie qui reste aujourd’hui l’une des principales causes de cécité dans le monde.

Les solutions existantes présentent un taux d’échec élevé et des suites opératoires lourdes. Adan Villamarin et les équipes de Rheon Medical ont alors imaginé un dispositif d’une précision exceptionnelle : un implant de 5,5 mm sur 0,5 mm d’épaisseur, agissant comme un minuscule robinet réglant la pression intraoculaire. Ce concentré d’ingénierie, inspiré de l’horlogerie suisse, redonne de l’espoir à de nombreux patients.

Après plus de dix ans de recherche et cinq ans de commercialisation, les résultats sont là : 90 % de succès sur les chirurgies, un bond considérable par rapport aux techniques traditionnelles. Mais la perfection a un prix : un temps opératoire plus long, un suivi spécialisé et un coût de dispositif supérieur.

Consciente de ces limites, l’équipe développe aujourd’hui une seconde version, plus rapide à poser et plus accessible, tout en conservant la même efficacité. L’exemple de Rheon Medical illustre parfaitement la réalité de l’innovation médicale : trouver l’équilibre entre excellence technique, viabilité économique et impact humain.


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