Toute entreprise – et son entrepreneur – connaît des hauts et des bas dans sa vie, c’est normal et naturel. Cependant, comment peut-on gérer au mieux une période creuse, économiquement et émotionnellement, avant d’en mourir ? Voici ce que je vois à travers les quatre grandes phases liées aux creux.
Anticiper
Il est primordial pour une entreprise de pouvoir anticiper une période creuse. Cette proposition est constamment répétée, et répétée, à tous les entrepreneurs en herbe, sans toujours être réellement prise au sérieux. J’ai aussi reçu ce conseil avant de me casser les dents, c’est normal, on apprend.
Un entrepreneur doit connaître ses chiffres, les comprendre et pouvoir les suivre à une fréquence proportionnée à son modèle d’affaires. Les plus importants sont, selon le type d’activité, la trésorerie (cashflow), le carnet de commande, la valeur des opportunités, la masse salariale, l’inventaire, etc.
Vous pouvez utiliser n’importe quel outil pour les analyser, l’important c’est de mettre en place ce rituel de suivi et de s’y tenir. Il y a beaucoup d’autres indicateurs, pas nécessairement économiques qui peuvent être considérés comme les saisons, les évènements, les changements du cadre légal, les nouveaux acteurs du marché, les nouvelles technologies, etc. Pouvoir lire et comprendre des changements à venir donnent un avantage immédiat à la gestion des creux, voire permet d’en éliminer certains. En revanche, il faut accepter l’impossibilité de tout contrôler… C’est donc un équilibre fin à trouver entre avancer les yeux bandés et vouloir prédire l’avenir. Il va sans dire que les réserves financières contribuent fortement à l’anticipation!
Accepter
On est dans le creux, il arrive, il est là. Que fait-on? Avant de réagir, il y a cette phase émotionnelle d’acceptation pour l’entrepreneur. Est-ce que je vois ce tsunami qui m’arrive dessus ou est-ce que j’attends encore et me laisse emporter par la houle ? Accepter et relever un défi qui se présente nous donne la force de le combattre ; comme pour nombreuses difficultés de la vie. Cette acceptation – et non résignation – est source d’inspiration, de génie parfois, qui permet à l’entrepreneur de se retrousser les manches pour trouver l’énergie et les moyens d’affronter le défi.
Parler dans son entourage, prendre le temps d’écouter et se mettre au vert contribueront grandement à votre acceptation et votre imagination. Éliminez les distractions et surtout ne jalousez votre concurrent pour la réussite qu’il affiche, il a surement d’autres problèmes.
Agir
Dans le monde de l’entreprise, il faut réagir vite, mais pas précipitamment. Une fausse bonne solution causera plus de dommages qu’elle n’en résout. Facile à dire, mais quand tout va mal, c’est là où l’humain sera enclin à prendre les plus mauvaises décisions. La réaction la plus communément employée sera l’appel à l’aide ; autant pour parler du problème, imaginer des solutions qu’en proposer directement.
Voici quelques suggestions: demander une avance (B2B) / un bon d’achat (B2C), demander une mise en relation, un partage de contacts, une recommandation, un communiqué de presse, demander un prêt (attention!), etc.
Il faut oser s’ouvrir, sans donner non plus une image de désespoir. Vous trouverez des humains en face de vous, avec une conscience et très souvent la fierté (ou l’égo) de pouvoir aider un égal à se refaire. A contrario, un cas trop désespéré sera toxique et aura un effet de rejet pour votre interlocuteur qui contribuera à votre effondrement moral.
Analyser
Lorsque l’orage est passé, c’est l’heure du bilan. Notre cerveau est très doué pour occulter rapidement les mauvais passages, c’est certainement inné, l’homme est résilient pour sa propre survie.
Il faut se faire violence pour rouvrir les plaies du passé, faire preuve d’humilité et d’introspection : analyser le pourquoi du comment. Qu’aurais-je pu faire de différent ? Quelle est ma part de responsabilité et quelle est la part d’incontrôlable ? Qu’ais-je appris ou pas compris ?
Ne soyez pas trop sévère avec vous, mais soyez le plus objectif afin d’en tirer des conclusions claires et de mettre en place des actions. La prochaine fois arrivera peut-être sous une autre forme, à vous donc d’anticiper.
Axel Pasqualini, entrepreneur parmis tant d’autres.