Sport et Technologie : mythes et réalités - digitalks #4

Le jeudi 7 novembre 2024, s’est déroulée la quatrième édition des digitalks, un événement organisé par Apptitude. L’événement a eu lieu à Lausanne, au Stade de la Tuilière.

Dans le sport, frapper plus fort ou courir plus vite ne suffit parfois plus. Une des clés réside dans l’intelligence des choix : où, quand et comment agir pour maximiser ses performances. La technologie semble une réponse simple pour aider l’athlète dans son développement et ses performances. Mais est-ce toujours et vraiment le cas ?
Qu’il s’agisse de gérer la chaleur d’un rallye dans le désert, de comprendre les performances d’un cheval, ou d’optimiser un bateau face au vent, les données et outils technologiques semblent redéfinir les stratégies. Lors de cette édition :

nous ont expliqué leur vision, leurs réussites et leurs échecs dans la mise en place et l’utilisation de technologie dans leurs routines, sous l’axe général : “Sport et Technologie : mythes et réalités”.

digitalks 4 ambiance
Retour en images sur les digitalks #4 du jeudi 7 novembre 2024 au Stade de la Tuilière à Lausanne

Les digitalks ont pour but de réunir l’entrepreneuriat, le design et l’ingénierie. Trois intervenants se succèdent sur scène pour partager leurs expériences, leurs succès et leurs défis autour d’une thématique commune. L’objectif est de présenter des cas concrets et pratiques, en évitant toute approche promotionnelle.
Découvrir et s’inscrire à la prochaine édition : www.digitalks.ch


Francis Degache, physiologiste de l’exercice (PhD), et Édouard Boulanger, copilote champion du monde W2RC 2024, unissent leurs expertises pour transformer les ressentis en données concrètes. Leur mission ? Aller au-delà de la doctrine classique du « sois prêt le jour J » en optimisant chaque détail pour maximiser la performance.

Le monde du Rallye-raid n’est pas simple. Au-delà des belles images, la réalité dans le cockpit est différente. Des journées qui débutent à 5h et se terminent vers 23h, sanglé à la voiture durant 12h, sur plusieurs jours. Les températures varient de 5 °C à 50 °C à l’extérieur, de 30 °C à 65 °C à l’intérieur du véhicule, dont les uniques points d’attention lors développement sont la sécurité et la performance. Pour l’athlète, le bruit, pouvant atteindre les 110 dB dans le cockpit, n’est qu’un paramètre de plus à ajouter aux nuits, sous tente, avec le bruit des mécanos qui s’occupent du véhicule. Finalement, le seul repas de fixe semble être le petit déjeuner. Au final, quelques secondes ou minutes feront la différence.

Dans ces conditions, comment réussir, à rester performant ? La plupart des athlètes dans le sport mécaniques n’ont qu’une devise : être prêt le jour J. C’est là que les technologies arrivent. Toutes veulent aider à devenir une meilleure version de soi, mais la vérité est que seuls les tests en laboratoire et sur le terrain sont révélateurs de l’utilité d’une technologie.

Plusieurs solutions, comme AudioVitality, Bearmind, les « cooling vest », ont été et sont testés par ce duo de choc. Leurs recherches fondamentales visent à mettre des données sur un ressenti. Parfois couronnées de succès, certaines solutions s’avèrent aussi être des échecs.

 


Lors de sa présentation, David Deillon, fondateur d’Alogo Analysis, a détaillé le travail de son entreprise, spécialisée dans l’analyse des performances des cavaliers et de leurs chevaux.

L’entreprise propose d’améliorer les performances des cavaliers et de leurs chevaux tout en renforçant leur sécurité et leur bien-être. Grâce à des capteurs conçus pour être utilisés en entraînement, mais également validé pour les compétitions, Alogo Analysis propose des analyses objectives et précises. Néanmoins, afin d’éviter tout soupçon de dopage technologique, les données ne sont actuellement pas disponibles en direct.

Il a fallu designer un produit simple d’utilisation, un format compact et robuste, capable de résister à des conditions extrêmes (humidité, chaleur, projections d’eau et de sable). Ces capteurs se distinguent en offrant une modélisation 3D des trajectoires et des informations sur l’équilibre et la régularité du cheval, répondant ainsi à des besoins cruciaux dans un sport dans lequel chaque centimètre compte.

Les données collectées par Alogo Analysis viennent compléter les observations des vétérinaires, permettant de dépasser les jugements subjectifs, souvent basés sur l’expérience du couple cavalier-cheval. La collaboration avec d’autres acteurs, comme Polar, permet de mesurer le rythme cardiaque des chevaux et des cavaliers et de venir enrichir encore ces données.

Mais tout n’est pas si simple. Sur son chemin de développement, l’entreprise a dû répondre à une question essentielle : « que faire de ces données, et comment leur donner un sens ? ».

 


 

Pour notre dernier intervenant de la soirée, Luc du Bois, optimiser la performance en voile et un équilibre entre science, tactique et intuition.

Dans le monde de la voile, la performance ne se mesure pas simplement à la vitesse d’un bateau, mais à sa capacité à exploiter au mieux les ressources que l’environnement lui offre. Contrairement aux sports mécaniques, où le parcours et les contraintes sont (en principe) maîtrisés, la navigation dépend des caprices du vent, qui change d’un jour à l’autre et même d’un moment à l’autre. L’état du plan d’eau, avec ou sans vague, impacte également les performances. L’enjeu n’est donc pas de savoir combien de temps un bateau mettra à boucler un parcours, mais plutôt s’il a su tirer le meilleur parti des conditions qui lui étaient offertes.

Pour atteindre cet objectif, un modèle précis des capacités du bateau est indispensable. Cela inclut notamment la compréhension des vitesses potentielles en fonction des angles et de la force du vent. Les outils modernes, comme les simulateurs numériques, permettent d’affiner ces prédictions en réduisant les coûts des tests physiques. Ces simulations intègrent des données complexes : les forces générées par les voiles, les réglages des foils ou encore la modélisation entre le vent en altitude forcément différent que celui au niveau de l’eau.

Cependant, ces modèles doivent être confrontés à la réalité du terrain. Une fois en mer, les capteurs installés sur le bateau – plusieurs centaines  – collectent une quantité impressionnante de données sur les efforts, les performances hydrodynamiques et le comportement du bateau. Ces informations permettent d’évaluer, par exemple, les pertes de puissance lors des manœuvres ou encore l’impact de la cavitation des foils, ce phénomène où l’eau se vaporise sous l’effet de la vitesse.

Malgré l’exactitude des outils de mesure et de modélisation, la voile reste un sport dans lequel l’humain fait la différence. L’expérience, l’intuition et la capacité à improviser face à l’imprévu sont des qualités essentielles. Le vent, invisible et imprévisible, ajoute une part d’incertitude que même les données les plus sophistiquées ne peuvent totalement éliminer. Cette dualité entre la technologie et le feeling des marins se retrouve dans les échanges, précis et complexes, entre navigateurs, analystes et designers. Transformer une intuition en réglages concrets demande un véritable dialogue entre ces mondes.

Sur le plan stratégique, une régate ne se gagne pas uniquement en allant plus vite. La clé réside surtout dans la gestion des pertes, notamment lors des manœuvres, mais aussi dans la capacité à atteindre rapidement une position avantageuse pour dominer ses adversaires. Une fois cette position atteinte, il devient très difficile pour le poursuivant de dépasser son concurrent.

En somme, la voile est bien plus qu’un sport de vitesse. C’est un art subtil d’équilibre entre science, tactique et créativité. Comprendre son bateau, interpréter l’environnement et collaborer efficacement avec son équipe sont les piliers de la réussite. Dans cet univers, chaque détail compte.

ndlr : Nous ne pouvons malheureusement pas diffuser la vidéo de cette conférence, pour des raisons de droits.


Découvrez le thème et les intervenants de notre prochaine conférence digitalks et inscrivez-vous en ligne sur : www.digitalks.ch